Encyclopédie - Anime


Interview de Vincent Ropion

(issue du mensuel Animeland n° 60 - avril 2000)

 

Vincent bonjour ! Comment êtes-vous devenu comédien ?

J'ai commencé très tôt, à l'âge de 12 ans. Je peux dire que c'est vraiment grâce à ma mère, qu'aujourd'hui je fais ce métier. Elle baignait déjà dans le milieu du spectacle car elle était danseuse, et elle m'a proposé de faire de la figuration dans des films, pour voir si ça me plairait. J'ai débuté en tant que figurant dans "Les aventures de Rabbi Jacob", puis, j'ai rencontré des comédiens qui m'ont envoyé vers une audition théâtrale de la Comédie Française pour jouer Joas, dans "Athalie" de RACINE. J'ai été retenu et j'ai commencé à jouer au théâtre. A partir de là, j'ai enchaîné, toujours en tant qu'enfant, des pièces et des tournages. Adolescent j'ai commencé à prendre des cours, car j'en avais besoin malgré mes premières expériences, puis j'ai recommencé à tourner et à jouer au théâtre.

Comment êtes-vous venu au doublage ?

C'est toujours grâce à ma mère qui voulait que j'essaie tous les domaines du métier de comédien. Je faisais déjà beaucoup de publicités radio, et j'ai fait des essais dans différents studios. Mon premier doublage a été sur des films de Tarzan qui étaient redoublés à l'époque, où je faisais le petit Boy, on était en 1976 et j'avais 13 ans.

Et votre premier dessin animé ?

Le plus ancien fut "Candy" où je doublais Anthony. Je garde de nombreux souvenirs de ces moments mais en revanche, je ne supporte pas ma voix quand je la réécoute aujourd'hui. J'avais 14 ans, et j'avais une épouvantable voix de canard... A la même époque, j'ai aussi été en guest dans des épisodes de "Goldorak".

Quel est votre meilleur souvenir de doublage ?

En dehors de très beaux longs métrages que j'ai pu doubler, il y a aussi tous les manga que l'on faisait à une époque, entre 1989 et 1992. Même si au départ nous étions un peu surpris par cette nouvelle forme de dessins animés, qui était un peu spéciale et que nous ne connaissions pas, nous nous amusions énormément à les faire.

Justement, celui vous concernant et qui intéresse le plus nos lecteurs est Nicky Larson. Parlez nous de ce doublage...

Pour ce genre de série, nous ne faisions jamais d'essai, mais dès le début, j'ai cerné le personnage, qui avait un côté sérieux de détective, et un autre plus délirant. Pour ma part, je ne voulais pas en faire un personnage trop sérieux, et comme tout était démesuré et fou, je pouvais faire n'importe quoi. Il y avait aussi une multitude de scènes coupées, que nous ne doublions pas car elles étaient jugées trop "érotiques". Parfois, nous transformions les épisodes pour que l'histoire soit adaptée aux enfants. C'est ainsi que nous avons inventé "la massue" ou "les restaurants végétariens" pour les fois où il allait à l'hôtel. Nous nous lâchions complètement et c'était vraiment amusant.

Il faut tout de même que vous sachiez que beaucoup de fans critiquent le doublage de Nicky larson, justement à cause de ces détournements de dialogues.

A cause des "boulettes" aussi, non ? C'est vrai que nous avions un directeur de plateau qui s'en donnait à coeur joie et les méchants étaient systématiquement tournés en dérision. Cela dit, moi, ça me faisait rire ! Il y avait un cinquième degré...

Il y a aussi des fans qui adorent ces répliques, qui sont devenues cultes ! En fait, le public est assez partagé...

C'était pareil sur "Le collège foufoufou", ou "Ranma 1/2" ! Au début, on essaye toujours d'être fidèle, mais après, quand on connaît bien la série, c'est vrai que l'on commence à déraper et on fait parfois un peu n'importe quoi. Un comédien dit une bêtise qu'on trouve amusante, que l'on garde et ainsi de suite... D'un autre côté, il y a dans ce genre de doublage, une spontanéité, une certaine dynamique, et une bonne humeur qui rendent le doublage plus vivant. L'idéal, c'est évidemment d'avoir le temps de faire les choses correctement. On prend ce temps pour un dessin animé japonais qui dure 35 mn, au cinéma, mais pas pour toutes ces séries là, qui étaient enregistrées vraiment rapidement.

J'ai l'impression que depuis quelques années, on vous entend beaucoup moins. Subissez-vous, comme plusieurs comédiens, les représailles de la grève du doublage qui a eu lieu, il y a quelques années ?

Oui, c'est vrai que j'ai souffert de cette grève, et les sociétés pour lesquelles je travaille actuellement ne font pas beaucoup de dessins animés. En revanche, je double beaucoup plus de films de cinéma qu'à l'époque de Nicky Larson.

Quels sont les dessins animés que vous avez doublés récemment ?

Ces dernières années, j'ai fait de nouveaux épisodes de "Gargoyles", des guests sur "Superman", ou encore "Fennec". Côté film, je viens de terminer le doublage d'"El Dorado", le prochain film d'animation de Dreamworks.

Chaque année, nous organisons l'Anime Grand Prix Français, qui récompense les meilleurs dessins animés. Savez-vous que depuis six ans, vous remportez régulièrement, la première place dans la catégorie "meilleure voix" ?

Toujours ? C'est incroyable ! En effet, on m'avait parlé de ces résultats, mais je croyais que c'était juste sur une année, il y a longtemps; j'en suis très flatté. Je vais demander à être augmenté (rires!)...

En dehors du doublage, quelles sont vos activités ?

Cela fait trop longtemps que je n'ai pas tourné, mais je continue le théâtre. Récemment, j'ai joué "La mégère apprivoisée" de SHAKESPEARE, et j'ai un projet pour une pièce de théâtre, mais il est encore un peu tôt pour en parler. C'est difficile de trouver le temps pour courir les casting, quand on fait du doublage, mais je refuse jamais un tournage pour du doublage.

Quels sont vos loisirs ?

J'adore toute forme de jeu. Je joue très souvent avec mes deux filles. Ophélie et Joséphine (qui sont accros à Pokémon, en ce moment...), mais j'aime aussi beaucoup les jeux d'argent : casino, poker...

Vous gagnez ou vous perdez ?

Tant que je gagne, je continue, mais je vous rassure, je suis quelqu'un de raisonnable ; si je perds, je m'arrête, car je déteste perdre !

Merci beaucoup!

Interview réalisée par Olivier et Céline.