Encyclopédie - Anime

  

 Interview de Sylviane Margollé

Candy en deuil...

 

Parfois, la vie vous réserve de belles surprises !... ^__^ 


Les nostalgiques de Candy de la génération Récré A2 me comprendront certainement. Nous n'avions pas eu la chance, comme ceux de la génération Club Dorothée, de posséder un magnétoscope pour enregistrer Candy. Ils étaient rares et très chers à ce moment là, et peu de foyer pouvaient se les offrir. On devait donc se contenter pour la plupart d'entre nous, d'enregistrer les épisodes sur cassettes audio, et de nous les passer et repasser sans relâche, jusqu'à connaître par coeur chaque détail de la bande, chaque dialogue. Il y avait aussi les livres disques, que je manipulais précieusement, comme un trésor. 

La voix de Sylviane Margollé m'est particulièrement chère, parce qu'elle est la voix de la première partie de Candy. Elle complétait à la perfection ce personnage, avec sa voix émouvante qui savait si bien devenir à la fois rebelle, enthousiaste, attendrissante. Je crois que si nous avons aussi vite craqué sur Candy, c'est grâce au talent de cette comédienne. Je me rappellerai toujours la voix de Candy pleurant à chaudes larmes la mort d'Anthony. On y croyait vraiment, et on pleurait d'autant plus avec elle. Et sa voix pleine d'espoir quand elle rentre à la maison Pony après le décès d'Anthony, fut comme un rayon de soleil pour moi, la petite fille de neuf ans, qui avait eu le coeur brisé par cette tragédie (Je suppose que je n'ai pas été la seule... ^__^)

Il se trouve qu'il y a quelques mois de cela, j'ai été contactée par un membre de la famille de cette comédienne (merci, merci, merci encore à elle !!!). Je suppose qu'elle avait apprécié ma rubrique sur les comédiens de doublage, car elle m'a gentiment fait parvenir l'adresse email de sa tante. D'une main fébrile, j'ai pris mon clavier et j'ai envoyé un email à Sylviane Margollé. Mon rêve d'enfance se concrétisait ! C'était merveilleux, mais ce le fut d'autant plus quand je reçus quelques jours plus tard une réponse !!! Je puis vous confirmer que Sylviane Margollé est une personne aussi attachante et aussi charmante que notre petite Candy. Et c'est vraiment un honneur et une immense joie pour moi de pouvoir converser avec elle depuis ce moment là. 

Vous allez trouver ci-dessous des extraits de nos échanges via le net. Je remercie une nouvelle fois Sylviane Margollé pour sa confiance et sa disponibilité, et pour me permettre de partager avec ses admirateurs, ces moments privilégiés.

 

Sylviane Margollé, en réponse à mon premier email :

Votre mail m'a à la fois terriblement surprise et beaucoup touchée. En toute honnêteté, lorsque je suis arrivée au studio pour commencer l'enregistrement des "Candy" en... 1975? 76?... je ne pensais pas recevoir cet hommage presque 30 ans plus tard! J'avais fait beaucoup de théâtre, de cinéma, de télévisions, de doublages de films passionnants et je n'aurais jamais devine l'impact qu'une série de dessins animes aurait sur toute une génération. Bien sur mes nièces et neveux étaient fiers que je double Candy et me l'ont souvent répété depuis mais je prenais ça pour de l'amour pour "leur Tatie"... Quoiqu'il en soit, c'est une grande leçon d'humilité aussi bien qu'une récompense tout a fait inattendue pour un travail que j'ai essayé de bien faire.

 

Sophie - webmistress - 

Je vais vous raconter une anecdote...

Je n'ai jamais pu voir la mort d'Anthony. L'émetteur régional ce soir là était en panne, et notre télévision ne laissait passer que les sons. Il n'y avait donc pas d'images. Et pourtant... En écoutant les voix, je pouvais aisément deviner les larmes de Candy et son désespoir face à la perte de son Anthony. Malgré l'absence des images,  j'ai pu vivre dans toute son intensité l'émotion qui en ressortait. Ce fut donc une petite fille de neuf ans, qui devant son écran noir, versa de chaudes larmes, et maudit le ciel de tant de cruauté, au rythme des soupirs et des hoquets de Candy. Je n'avais pas besoin d'images, car votre voix et votre talent de comédienne suffisaient à combler le manque...

S. M. Le récit de votre émotion en écoutant l'épisode de la mort d'Anthony sans image m'a donné les larmes aux yeux en même temps qu'une grande joie. Les longues heures de studio, la voix cassée, la fatigue... tout ça a vraiment valu la peine!

 

S. Comment avez-vous été amenée à doubler Candy ?

S. M. Le rôle de Candy m'a été proposé par Jean-Pierre Steimer, Directeur de la société de doublage chargée de ce projet et avec qui je travaillais depuis de nombreuses années. Je dois avouer que le nom de la société m'échappe pour l'instant. Je faisais à l'époque beaucoup de doublages, de dessins animés mais aussi et surtout de films cinéma, séries et téléfilms. Le doublage faisait partie du métier d'acteur que je pratiquais depuis l'age de 4 ans. Je crois que les choses ont un peu change depuis 25 ans que j'ai quitte la France, (et le métier) mais à l'époque, il n'y avait pas d'acteurs de télé, de doublage, ou de théâtre. Tous les professionnels jouaient dans toutes ces catégories et c'est, je crois, ce qui donnait la qualité à toutes ces techniques différentes. Tout apportait à tout.

 

S. Avez-vous aimé doubler Candy ?

S. M. J'ai eu beaucoup de plaisir à doubler Candy. Les aventures de cette petite bonne femme courageuse et seule au monde, que je découvrais  à chaque séance d'enregistrement, étaient bien différentes des  séries de dessins animes que j'avais pu doubler jusque là. Oui, Candy n'est pas comme tous les autres dessins animés. Elle nous jette à la face les cruautés que l'on peut avoir à expérimenter dans la vie. Voilà pourquoi, je suppose, beaucoup de gens s'y retrouvaient.

 

S. Comment s'est déroulé votre premier jour de doublage ?

S. M. Le premier jour d'enregistrement, je me suis réveillée pratiquement aphone! Lorsque je suis arrivée au studio, Jean-Pierre fut affolé d'entendre ma voix rauque. C'est dans ces moments que l'on remercie  ses professeurs de techniques!!! J'avais eu le grand privilège de  prendre des cours de chant avec Mr. Jean Lumière, une grande  vedette des années 30-40, et qui connaissait et enseignait la  technique de la voix comme personne. Il était le Mentor de vedettes  de la chanson comme Sacha Distel, Rika Zarai, Frida Boccara pour en  nommer quelques uns que j'ai eu la joie de rencontrer chez lui et d'entendre travailler. (Je dois dire que la plupart du temps,  j'aimais mieux les Chants Italiens qu'il nous faisait travailler que  les chansons commerciales que ces mêmes chanteurs présentaient au  public, mais qui aurait acheté ces disques?...) Toujours est-il que grâce aux leçons du bon professeur, j'ai pu placer ma voix pour  chaque scène, et trouver le rôle et les intonations de "Candy".  Entre les scènes par contre, il ne fallait pas m'entendre et je suis rentrée chez moi ce soir la sans voix de reste mais la journée d'enregistrement accomplie.

 

S. Comment était l'atmosphère sur le plateau?

S. M. L'atmosphère sur le plateau était comme sur la plupart des studios, chaleureuse, dans l'humour et la folie des acteurs en général... C'est une race un peu a part, les acteurs, vous savez. Rien n'est jamais pris vraiment au sérieux mais en même temps, tout est "dramatisé" et poussé au bout de l'émotion, sans y croire tout à fait mais en le vivant pleinement tout à la fois.

A suivre...

 

Une nouvelle fois, merci à Sylviane Margollé 
pour sa gentillesse et sa disponibilité.

 

Candy en deuil...

Sylviane Margollé est malheureusement décédée à l'âge de 55 ans, le 12 juillet 2005, suite à une opération qui s'est mal terminée... C'est une grande perte pour l'univers de Candy. Nous n'oublierons jamais sa petite voix pétillante qui donnait tant de personnalité à notre blondinette à couettes préférée.

Que dire d'autre sur Sylviane Margollé ? C'était une personne charmante, qui n'en revenait pas qu'après tout ce temps on ne l'ait pas oubliée! Elle me manque beaucoup...

Vous trouverez sur le site Wikipedia, la liste de tous les personnages qu'elle a doublés mais aussi les rôles qu'elle a interprétés dans sa jeunesse. Elle est d'ailleurs célèbre pour avoir interprété Cosette de Alain Boudet en 1961.

Portrait de Sylviane Margollé (11 ans) dans le rôle de Cosette

 

Voxographie

Cinéma 
1973 : Gretchen sans uniforme (Eine Armee Gretchen) d'Erwin C. Dietrich, voix du personnage Suzie Vehaege. 
1974 : Parfum de femme (Profumo Di Donna) de Dino Risi, voix de Sara (Agostina Belli). 
1974 : Emmanuelle de Just Jaeckin, voix de Marie-Ange (Christine Boisson). 
1976 : L'Empire des sens de Nagisa Oshima, voix de Sada Abe (Eiko Matsuda) 
1976 : Carrie au bal du diable (Carrie) de Brian de Palma, voix de Carrie, c'est-à-dire de Sissy Spacek dont Sylviane fera souvent la voix française. 
1978 : Pair et impair (Pari e Dispari) de Sergio Corbucci, voix de Susanna la bonne-sœur (Marisa Laurito). 
1978 : Halloween, la nuit des masques (Halloween) de John Carpenter, voix de Laurie (Jamie Lee Curtis). 
1979 : Norma Rae de Martin Ritt, voix de Norma (Sally Field). 
1979 : Le Dernier secret du Poséidon (Beyond the Poseidon adventure) d'Irwin Allen, voix de Celeste Whitman (Sally Field). 

Télévision 
Candy Candy d'Hiroshi Shidara, voix de Candy dans la première série d'animation télévisée. 
La Petite Maison dans la prairie (Little House on the Prairie), voix de Mary Ingalls (Melissa Sue Anderson). 
Drôles de dames (Charlie's Angels), voix de Kris Munroe (Cheryl Ladd). 
Columbo, voix dans plusieurs épisodes dont Eaux troubles, Chant de cygne. 

 

Cinématographie
1956 : Le Cas du docteur Laurent de Jean-Paul Le Chanois avec Jean Gabin. 
1959 : Les Affreux de Marc Allégret, avec Pierre Fresnay. 
1960 : Les Petits chats de Jacques Villa, avec Catherine Deneuve. 
1962 : Un singe en hiver d'Henri Verneuil, avec Jean Gabin et Jean-Paul Belmondo. 

 

Télévision 
1959 : Le Testament du docteur Cordelier de Jean Renoir avec Jean-Louis Barrault (Téléfilm). 
1961 : Cosette réalisé par Alain Boudet avec Jean-Marie Amato, Marcel Bozzuffi et Rosy Varte (Collection Théâtre de la Jeunesse de Claude Santelli). 
1961 : Le Trésor des 13 maisons de Jean Bacqué avec Achille Zavatta (Série). 
1963 : La Case de l'oncle Tom de Jean-Christophe Averty, avec Daniel Ceccaldi (Collection Théâtre de la Jeunesse de Claude Santelli). 
1964 : The Little Carousel réalisé par Bernard McEveety, avec Paul Daniel, un épisode de la série américaine Combat ! 

 

Vidéographie 
2005 : Cosette d'Alain Boudet - « Théâtre de la Jeunesse » (1961) - Durée 107 mn (1 DVD Multi-zones - Série Mémoire de la télévision - Éditions Koba Film).

* Source : Wikipedia