Encyclopédie - Anime

Interview de Bernard Jourdain alias Archibald Cornwell

Extrait audio de l'interview

Suite à ma rencontre avec Vincent Ropion, j'avais commencé à retravailler ma rubrique doublage et à chercher de nouvelles infos sur les comédiens qui avaient doublé la série. Je tapais quelques noms sur le net, sans grand espoir, et c'est alors que celui de Bernard Jourdain m'apparut. Un site web, un visage, j'avais tout, sauf qu'il ne faisait nullement référence au doublage de Candy. Je lui écrivis donc un petit message dans lequel je lui demandais s'il était  bien la personne que je devinais être et s'il acceptait de répondre à quelques questions. Quelques jours plus tard, je reçus une réponse positive et nous convîmes d'un rendez-vous.

Pour la petite histoire qui me valut quelques minutes de stress intense, je puis témoigner de la patience et de la gentillesse de Bernard Jourdain à mon égard tant la mise en route de cet interview fut coquasse, car la technique c'est pas mon truc. C'était tellement la cata que j'étais convaincue qu'il ne me rappellerait plus. Et pourtant... ^____^

Sophie - webmiss : Comment vous-a-t-on proposé le rôle d'Archibald ? Vous avez dû passer un casting ? 

Bernard Jourdain : J'étais comédien, et je voulais faire de la synchro. Jean-Henri Chambois dirigeait les plateaux. Il m'a fait faire des essais sur ce rôle d'Archibald et un autre, en me disant qu'il avait une série qui commençait, et que cela pourrait m'intéresser. Puis voilà, il m'a rappelé en me disant que j'avais un rôle, sans me préciser lequel, en me demandant si j'étais libre à tel moment. On découvre alors sur place le rôle qui nous est confié.

S : Vous avez aimé interpréter ce personnage ? 

BJ : Cela m'a plu, oui. A l'âge que j'ai aujourd'hui, cela me plairait sûrement moins mais j'étais très content. Je commençais dans la synchro et j'avais un beau personnage. Oui, oui, j'étais content de le faire. Mais c'est vrai que j'ai toujours préféré interpréter des personnages plus nourris psychologiquement. Quand j'ai doublé le rôle principal du film de Robert Redford, «Des gens comme les autres », j'ai pris un plaisir immense à trouver le personnage, à en traduire toutes les subtilités.

S : Imaginiez-vous le succès phénoménal qu'allait connaître cette série à l'époque ? 

BJ : Honnêtement non. J'ai fait plusieurs dessins animés, et je mettais celui-là au même niveau que les autres. C'est quand je suis venu, puis revenu pour doubler d'autres épisodes de Candy que j'ai commencé à comprendre que c'était une série culte. Mais au départ non. Je trouvais cette série charmante tout simplement. Et n'oubliez pas qu'ont voit toujours les épisodes dans le désordre. Donc on n'a aucune lisibilité. On n'est pas capable de se rendre compte de la narration.. Cependant, j'ai été surpris, il y a dix ans, c'est à dire, plus de vingt ans après la diffusion, de voir la notoriété de ce dessin animé. Quand j'ai eu l'occasion de dire que j'avais doublé Candy, les gens s'écriaient : « Aaaaah !!! Tu as fait Candy ! Génial ! ». J’étais sidéré.

S : On parle de faire un remake de la série et même une suite. Seriez-vous partant pour doubler une nouvelle fois Archibald ? 

BJ : Non. Et pour deux raisons. La première, parce que ma voix a évolué. Elle est plus grave et ne correspondrait plus au personnage (je le rassure, elle n'a pas changé d'un iota ! On a vraiment l'impression de discuter avec Archibald ! C'est vraiment rigolo !) D'autre part, je ne fais plus de doublage. Il faudrait donc que je me remette à la technique de la synchro. Je pense qu'il y aura quelqu'un de jeune qui le fera très bien avec une voix assez proche.

S : Où se situait le studio d'enregistrement ?

BJ : A la maison de post production Synchro-Mondiale à Epinay sur Seine, puis à Deuil-la-barre

S : Vous avez aussi doublé Marc dans la Bataille des planètes. 

BJ : Oui, cela se faisait pratiquement en même temps d'ailleurs. C'était avec la même équipe, la même maison de production Synchro Mondiale.

S : N'était-ce pas vous qui chantiez le générique car je trouve que votre voix est très proche de celle du chanteur ?

Non. Quand nous avons commencé le doublage, le chanson du générique était déjà enregistrée par un chanteur de l'époque. Mais nous ne l'avons jamais vu. Je ne sais pas qui c'était. (nota : C'est Michel Barouille, http://www.michelbarouille.com/)

S : Sur votre site, vous évoquez votre passion pour le théâtre et pour l'opéra.

BJ : Oui. Je suis venu à l'opéra par la mise en scène de théâtre. Mon épouse, qui est scénographe m'a entraîné vers l'opéra.

S : Avez-vous en projet de refaire de la scène ? 

BJ : En tant que comédien, non, car je suis assez loin de cela maintenant. Mais j'ai des projets de mise en scène d'opéra. Je vais en donner un cet été au pays basque, un opéra de Gluck, « La Rencontre Imprévue » et j'ai le projet de monter une pièce de théâtre, à Paris, l'année prochaine.

S : Vous êtes aussi auteur de romans,  et vous avez notamment reçu le prix du premier roman du festival de Cognac, en 2005. 

BJ : Je n'en ai pas édité d'autres pour l'instant. J'en avais proposé un qui était un peu la suite de « Dernier frisson ». Il a été refusé. Peut-être qu'il était moins bon que le premier. Quant à « La Popée du roi », mon roman historique, j'espère qu'il sera un jour édité.

S : Le nom du héros de « Dernier Frisson », l'inspecteur Joubert, n'est-il pas la contraction de votre prénom et de votre nom ?

BJ : Si en effet  ! (rires) C'est comme ça qu'est né l'inspecteur Joubert, absolument ! Mais en fait il ne me représente pas du tout. Le portrait que j'en ai fait m'a été inspiré par une personne de mon entourage, un ami qui, lui, ne se reconnaît pas dans Joubert tandis que, pour moi, c’est son sosie.

S : Aimeriez-vous pouvoir transposer à l'écran vos romans ?

BJ : Non. A partir du moment où on a été au bout d'un projet, que ce soit dans un roman, une pièce de théâtre, ou un scénario, on a donné le maximum de soi-même, et il vaut mieux que quelqu'un d'autre prenne le relais pour l’enrichir. D'ailleurs le polar a failli être mis à l'écran, ça n'a pas abouti mais il a failli l'être. J'ai aussi failli faire mon premier long métrage. (Je suis réalisateur de documentaires mais je n'ai jamais fait de fiction, à mon grand regret). Et là, je suis passé tout près, c'était Zabou Breitmann qui devait jouer le rôle principal, j'avais un producteur, et il nous a manqué la subvention du CNC (Centre National du Cinéma) pour que le film se fasse. J'ai abandonné, c'était trop dur, et c'est à partir de ce jour là que j'ai commencé à écrire.

S : Vous avez d'autres projets d'écriture ?

BJ : Non, en ce moment je suis exclusivement tourné vers la réalisation de documentaires et la mise en scène d’opéras. L'écriture va revenir bien sûr mais tournée vers quelque chose de plus essentiel. Il y a quelque chose de très ludique à écrire un polar alors, si je dois écrire à nouveau, j'irais certainement vers quelque chose de plus grave, de plus psychologique, de plus réfléchi, de plus intime.

S : Merci Bernard Jourdain et à bientôt.

Je remercie une nouvelle fois Bernard Jourdain pour sa gentillesse et sa disponibilité. Ce fut vraiment un vrai plaisir de discuter avec une personne aussi sympathique.

Pour les amateurs de polars, vous pouvez trouver son livre "Dernier frisson" (qui vous captive jusqu'à la dernière page) dans les bonnes librairies ou sur internet par exemple.

Si vous voulez en savoir plus sur sa carrière et sur ses passions, je vous invite à visiter son site web : http://www.bernard-jourdain.fr

© Team Candyneige - Sophie - decembre 2009